





Laterrade, Jean-François. Flore bordelaise ou description caractéristique des plantes qui croissent naturellement aux environs de Bordeaux, avec l’étymologie, le site, l’époque de la floraison, etc… ; leurs propriétés… ; précédée de notions élémentaires sur La Botanique.. Bordeaux: Imprimerie d’André Brossier, 1821. 10,5 x 17.
In-12, reliure pleine basane de l’époque, dos lisse orné de fleurons, de frises et d’un semis d’étoiles, plats encadrés d’une dentelle dorée, gardes marbrées, tranches jaunes, 516-[4] pp., suivies in fine de 28 planches en couleurs, sous serpente, “exécutées par J.E. Bonnet jeune, d’après le procédé de M. Marcelin Bonnet père, connu par ses ouvrages en Botanique. Ce procédé s’applique surtout aux plantes à fleurs simples et rend très-bien les plus légères découpures dans le feuillage.” (verso de la page de titre).
Titre complet : “Flore bordelaise ou description caractéristique des plantes qui croissent naturellement aux environs de Bordeaux, avec l’étymologie, le site, l’époque de la floraison, etc ; leurs propriétés et leurs principaux usages; précédée de notions élémentaires sur La Botanique“
Seconde édition. Jean-François Laterrade (1784-1858), élève de Latapie, secrétaire de Montesquieu, a été un herboriste et un professeur de botanique reconnu. Il a fondé en 1818 la Société Linnéenne de Bordeaux et fut directeur du Jardin botanique de la ville et membre de la Société Philomathique de Bordeaux. Sa ” Flore bordelaise ” est un ouvrage de référence. Elle est dédiée au comte de Lynch (1749-1835), propriétaire en Médoc, maire de Bordeaux sous l’Empire en 1808 et comte d’Empire, mais promoteur des journées royalistes de mars 1814 à Bordeaux. Il sera créé Pair de France par Louis XVIII sous la seconde Restauration.
La première édition de la ” Flore bordelaise ” date de 1811. Elle sera rééditée en 1821 et sera étendue à l’ensemble du département de Gironde en 1829 et 1848. Elle se réclame de la classification de Linné. L’édition de 1821 s’ouvre sur une description de l’arrondissement de Bordeaux et donne en guise d’introduction les notions élémentaires de botanique, avec notamment l’exposition du système de Linné. La ” Flore ” à proprement parler est précédée de quelques pages consacrées à ” l’utilité et agrémens des promenades champêtres ” orné d’un bandeau de titre. En fin d’ouvrage : table des familles, table des noms patois, table alphabétique latine des genres, table des genres, table des noms pharmaceutiques et errata.
Par ses 28 planches placées en fin d’ouvrage, notre exemplaire est rarissime et semble unique. Les exemplaires de l’édition de 1821 qui comportent des planches sont extrêmement rares. Nous avons recensé ceux de la BNF (FRBNF30747317), du Jardin Botanique de Bordeaux, de Harvard University et celui passé en vente à Berlin en décembre 2021. Ces exemplaires possèdent 15 planches, dont la numérotation de I à XV en haut de page et la dénomination en bas de page sont typographiées. Or notre exemplaire comporte 28 planches dont la numérotation et la dénomination sont manuscrites.
Il est d’autant plus remarquable qu’il contribue, par son caractère unique, à l’histoire de l’impression en phytotypie ou impression naturelle (Nature printing, Naturselbstdruck), rare technique d’impression directe du végétal utilisée notamment en botanique, et à la connaissance de l’œuvre de Marcelin Bonnet et de son fils Eloi (?), (1766 – après 1821) sous l’Empire. Ces derniers sont “inventeurs d’un procédé nouveau – mal connu de nous – qui consiste à enduire la plante séchée de couleurs d’aniline et à passer sous une presse la feuille de papier et la plante préparée” (In “Le livre de botanique, XVIIe et XVIIIe siècles“, Madeleine Pinault Sorensen, p. 167).
On connait de Bonnet seulement deux autres impressions de ce type, la “Phyllographie” (1809) et le “Faciès plantarum” (1810), “dont seuls quelques exemplaires sont répertoriés” (ibid.). Le catalogue de l’exposition “Botanica in originali : livres de botanique réalisés en impression naturelle du XVIe au XIXe siècles” présentée à la BN en 1993 fait la synthèse des connaissances sur Bonnet (p. 29), sans pour autant identifier les exemplaires de Jean-François Laterrade.
Le planches de notre exemplaire, au regard de leur nombre et de leurs légendes manuscrites, pourraient correspondre au tirage originel et unique de Bonnet et de Laterrade, à partir duquel une sélection de 15 planches auraient été faites pour quelques exemplaires, sachant que “la même plante supporte en moyenne dix tirages, jusqu’à trente dans certains cas” (in “Botanica in originali”, citant R. Cave, “Typographia naturalis – A history of nature printing“, 1967).
Mors fendu, usures d’usage, petits manques et galerie de vers à un des coins du plat inférieur, mais reliure agréable, bon intérieur, rousseurs sur les serpentes et fraicheur des planches. Ouvrage rarissime.
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