
Charton, Edouard / Cazeaux, Euryale. Le Magasin Pittoresque – De 1833 (1ère année) à 1884 . Paris: Au Bureau D’abonnement et De Vente, 20,5 x 30.
Série de la revue “Le Magasin pittoresque”, de la première année de parution en 1833 à 1884, soit 50 volumes. Seule l’année 1882 manque. Les 32 premiers volumes (1833-1864) sont reliés de manière uniforme en demi-basane fauve, dos à quatre nerfs, pièces de titre rouge, pièces de tomaison et années vertes, filets dorés, tranches rouges; les 18 derniers volumes sont reliés de manière disparate, alternant des demi-basane vertes ou rouges, titres, années et filets dorés, tranches jaunes pour certains. S’y ajoute un volume de “table alphabétique et méthodique, précédée de la liste des rédacteurs, dessinateurs et graveurs pendant les dix premières années”, relié en demi-basane verte, tranches jaunes, pour les années 1833-1842, daté de 1845.
Bel ensemble assez rare sur une aussi longue période qui marque l’essor de la presse populaire illustrée au début des années 1830, sous la Monarchie de Juillet. Le Magasin Pittoresque est en France le premier hebdomadaire illustré. Il a 8 pages et compte 52 livraisons annuelles à deux sous seulement. A l’origine de cette nouveauté éditoriale, qui perdurera jusqu’en 1938, se trouve l’imprimeur du Globe, le saint-simonien Alexandre Lachevardière, qui de retour d’Angleterre, veut lancer en France, l’équivalent du “Penny Magazine” lancé en 1832, afin de rentabiliser sa presse hydraulique anglaise à grand tirage. Il “embarque” en 1833 le journaliste Edouard Charton (1807-1890) qui pendant 50 ans sera le directeur de rédaction de la revue. Notre ensemble couvre toute cette période.
Charton crée un nouveau concept éditorial, le périodique éducatif. Républicain et saint-simonien, homme de progrès engagé dans l’instruction populaire, il a pour objectif d’offrir à ses lecteurs “une variété de sujets, de goût et de moralité…bienfaisante pour la vie intérieure, pour le foyer domestique, riche ou pauvre”.
Véritable encyclopédie populaire, le Magasin pittoresque ne couvre pas l’actualité, mais s’articule autour de cinq rubriques : géographie, histoire naturelle, beaux arts, vues pittoresque, sciences et techniques. Surtout, Charton est convaincu que l’explication du monde et l’éducation populaire passent par l’image. Il est un des premiers à jouer sur la complémentarité du texte et de l’illustration et provoquera indirectement le renouveau de la gravure sur bois (“bois debout”).
Dès 1834, Charton intègre un atelier de gravure dirigé par le graveur Jean Best, qui, après la mise à l’écart de Lachevardière, deviendra le gérant du Magasin Pittoresque. Le volume de table dévoile de nombreuses plumes et les grands illustrateurs de l’époque, dont Grandville, Wiesener, Grandsire, Lorsay… On prête à George Sand quelques articles.
Ensemble cohérent, aux reliures agréables, abondantes illustrations, qui représentent une banque d’images extraordinaire sur le XIXe siècle. Très bon exemplaire.
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