Edmund Burke, “Reflections on the Revolution in France”, 1790, la première analyse contemporaine, globale et comparative de la Révolution Française.

Burke, Edmund. Reflections on the Revolution in France, and on the Proceedings in Certain Societies in London Relative to that Event. In A Letter intended to have been sent to a Gentleman in Paris. London: J. Dodsley, in Pall Mall, 1790. 14 x 21,5. Volume in-8, reliure demi-basane fauve d’époque à petits coins, dos lisse, titre doré sur pièce de titre fauve, IV-356 p.

Notre exemplaire est l’impression (53,c) décrite par Todd dans sa bibliographie des œuvres de Burke. Elle aurait été publiée le 6 novembre 1790 à 2 000 ex., à peine une semaine après le succès de la première édition (1er novembre, 4 000 ex., 53,a) et de la seconde (2 novembre, 2 000 ex., 53,b). Ces trois tirages peuvent être regroupés sous la notion de première édition. Notre exemplaire se caractérise en page de titre par la place du “M” de la date (MDCC.XC) légèrement à droite du “D” de “J. Dodsley” (Todd, plate VI, p. 143) et par les signatures des feuillets collationnées en table comparative par Todd (ibid., p. 154).

Les “Reflections” sont une réponse au sermon du pasteur Richard Price du 4 novembre 1789, qui commémorait le centenaire de la “Glorieuse révolution” anglaise de 1688. Price saluait la jeune Révolution française et demandait l’envoi de “a congratulatry address to the National Assembly of France“. Burke (1729-1797) est le premier à mener une analyse globale et comparative de la Révolution qui est en train de se dérouler en France.

Globale, car il en pressent la portée ” the French revolution is the most astonishing that hitherto happened in the world“.

Comparative, car il l’oppose en tous points à la Révolution anglaise de 1688. La comparaison porte sur les institutions et la notion de “constitution”. Le “bill called the Declaration of Right” a été fait pour préserver “our antient indisputable laws and liberties” (p.45). Il oppose les “abstract principles as the rights of men“, à l’expérience historique, à la “practical wisdom“, à “our liberties, as an entailed inheritance derived to us from our forefathers“…La condamnation est sans appel “France has bought poverty by crime” (p.54).

Burke développe également une analyse économique de la France de 1789, de sa situation financière, de sa dette publique; il comptabilise ses forces et ses faiblesses “France far exceeds England in the multitude of her people, but I apprehend that her comparative wealth is much inferieors to ours” (p. 181). Il décrit les conséquences des mesures révolutionnaires, “the bank of discount, the great machine, or paper-mill, of their fictitions wealth“…”the paper circulation“…”the spoil of the church“.

Il termine en démontrant les incohérences et les contradictions des “French builders” concernant l’organisation territoriale (la création des départements, “the superiority of the city of Paris“, l’inégalité du droit de vote…”, oeuvre d’une “ignoble oligarchy“.

L’argumentation de Burke et sa philosophie de l’histoire seront largement reprises par la pensée contre-révolutionnaire française du XIXe siècle jusqu’à Maurras. Reliure modeste, rousseurs sur les pages de garde, mais bon exemplaire. Mention manuscrite sur la première page de garde “Janie (?) Soret 1830”.

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