Deux grands botanistes du XVIe siècle : Mathias de Lobel et Pierre Pena, “Plantarum seu stirpium historia”, cui annexum Adversariorum volumen”, imprimés à Anvers par Christophe Plantin, dans une reliure germanique remarquable, dont les plaques sont issues vraisemblablement de l’atelier du relieur de Wittenberg Thomas Krüger.

Lobel, Matthias de [Mathias De L’Obel] – Lobelius / Pena, Pierre. Plantarum Seu Stirpium historia. Cui Annexum Est Adversariorum Volumen. Antverpiae: Ex Officina Christophori Plantini Architypograhi Regii, 1576. 22 x 32.

In-folio, reliure germanique de l’époque en peau de truie, plats biseautés sur ais de bois estampés à froid vraisemblablement à partir de plaques de l’atelier du relieur de Wittenberg, Thomas Krüger, traces de fermoirs, dos à cinq nerfs, pièce de titre de maroquin rouge postérieure, filets, auteur et titre dorés, (Plantarum seu stirpium historia) 671 p., avec les gravures cartonnées des pp. 133 et 136, (Nova stirpium adversaria, et Appendix) [4]-471 p., avec deux petites notices complémentaires imprimées et insérées entre les pp. 10 et 11, et entre les pp. 32 et 33 , (Formulae aliquot remediorum Guillielmi Rondelletii...] 15 p., (Index en latin, noms vulgaires tant françois, piccartz que valons, allemand et anglais en gothiques, portugais, italien) 24-[12]p., [3] p. de figures et colophon in fine, [1] p. bl.

Deux frontispices gravés, marque typographique au compas de Christophe Plantin sur le premier, marque parlante gravée de Matthias de L’Obel face à la pièce latine de son compatriote, François Hemus, de Lille, sous la forme d’un ovale entourant d’une guirlande de fleurs et de fruits une jeune femme debout entre deux peupliers blancs [aubeau, populus alba] avec la devise “Candore et Spe“, colophon avec la date “Anno M.D. LXXVI. VII. Calend. Augusti”, avec plus de 1700 gravures sur bois de plantes dans le texte.

Les travaux de L’Obel représentent une étape importante dans les méthodes de classification des plantes. Il est le premier à prendre en compte les formes naturelles des feuilles dans leurs ressemblances ou leurs différences. Ses successeurs mettront l’accent, dans leur classification, sur les fleurs et les fruits. Le botaniste Charles Plumier (1646-1704) lui dédiera le genre “Lobelia“, que réutilisera Linné (1707-1778).

Fermoirs absents, reliure remarquable, même si les à-plats gravés sont estompés et quelque peu tachés, galerie de vers sur le plat supérieur, notamment au mors à la hauteur de la pièce de titre , auréoles en marge des pp. 327-333 (Adversaria), bonne condition. Rare.

Ex-libris manuscrits sur le premier titre: “Ex-libris Jacobi Dollet Botanica amatoris, 1658” et surtout belle provenance avec l’ex-libris manuscrit du célébre botaniste du XVIIIe siècle Antoine de Jussieu (1686-1758)A de Jussieu med. et Bot. Prof.” (cf. Louise Dessaivre, “Les Jussieu, une dynastie de botanistes au XVIIIe siècle, 1680-1789”, Th. Ecole des Chartes, 1987). Notes manuscrites en marge pp. 531, 623, 627 des “Observationes” et p. 121 des “Adversaria”. Liste de plantes,

La reliure de notre exemplaire mérite l’attention, car l’estampage des plats, même s’il est estompé, a été effectué vraisemblablement à partir de plaques, semblables à celles utilisées par l’atelier de Thomas Krûger à Wittenberg (Saxe) dans les années 1570 (German bindings in the National Art Library, South Kensington Museum, by W.H. James Weale, London, 1898, n°192).

Thomas Krüger est célèbre pour ses représentations de Luther ou de Melanchthon dérivées des gravures de Cranach. Les plats de notre exemplaire sont ornés de trois frises d’encadrement, dont l’une, personnifiée, est illustrée par les vertus “spes”, “caritas”, “fides”, “prudentia”…Le plat supérieur est surmonté des initiales M.I.C.S. Dans sa partie inférieure, on peut lire la date de 1577. La partie centrale estampée à froid est divisée en quatre à-plats égaux (9,8 x 5,7). Les aplats du plat supérieur représentent la Justice (figure de femme appuyée sur une épée et balance à sa gauche, légende latine dans l’ovale), la Fortune (femme debout, roue et branche de palmier dans la main, légende latine dans l’ovale), un personnage à mi-corps représentant Charles-Quint (1500-1558), (riche armure, épée levée, casque posé dans la partie inférieure, double aigle impérial et armes de Castille et de Léon à droite de la partie supérieure, colonnes d’Hercule, devise “[Plus] Ultra Carolus Quintus” dans un phylactère et en pied sur trois lignes la légende suivante “Carole mortales dubitant I Homo sisne Deusve sunt tua sceptra hominis sed tua facta dei“, personnage à mi-corps représentant Jean-Frédéric 1er, duc de Saxe [1532-1554], protecteur de Luther et de la Réforme, promoteur de la Ligue de Smalkalde] (épée levée, casque dans la partie inférieure, encadrement de deux piliers), en pied sur trois lignes la légende suivante, rappelant sa défaite face aux armées de Charles-Quint, mais aussi sa fidélité à sa foi “Victus eras acie fidei constanItia tandem victorem ante I Homines fecit et ante Deum.” Les à-plats du plat arrière reprennent les représentations de Charles Quint et de Jean-Frédéric 1er duc de Saxe dans la partie supérieure, et dans la partie inférieure les armes du duché ou duc de Saxe (?) avec la légende “Saxone monar imperii insigni“.

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